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Zabelle chez le juge de paix ! ETAPLES II

Bonjour à tous,

Le livre d’Henri Leprêtre est plein de surprises, voici un extrait un peu léger.

Zabelle chez le juge de paix.

Dans notre quartier de la marine, la vie quotidienne était marquée par l’absence, durant toute la semaine, du matelot et de ses enfants âgés de plus de 13 ans. Ils ne rentraient chez eux que le dimanche. Cette communauté était donc composée de nombreux enfants, de retraités, de femmes de matelots qui exerçaient le double et rude métier, celui de mère de famille nombreuse, de ménagère et qui en plus , devaient être présentes sur le quai à l’arrivée du bateau pour transporter le poisson à la halle, et le faire vendre à la criée afin de permettre à l’équipage de repartir aussitôt à la marée haute.

Je dois vous dire que si les disputes entre matelotes étaient fréquentes, parfois violentes, elles ne duraient pas longtemps. Les femmes restaient bien une journée sans se parler, mais le lendemain, elles ‘’cafotaient’’ à nouveau (boire une tasse de café en bavardant). Parfois quand l’une d’elle était plus verte que l’autre, l’affaire se corsait. C’était le cas de Zabelle, bien connue dans le quartier, et même plus loin…… Je dois vous dire qu’elle ne supportait pas de ne pas l’emporter ; ainsi un jour elle s’était crêpé le chignon avec Marie après avoir pris la défense de leur ‘’margats’’ qui se battaient pour une question de billes. Zabelle voulait avoir raison à tout prix, aussi pour se venger des insultes lancées par Marie, de rage ne l’a fit elle pas convoquer devant le ’’juge de paix’’ 

Un si brave homme ……imaginez son embarras, car il connaissait bien la réputation de Zabelle….. Usant de patience, il finit par lui faire avouer qu’elle avait engagé la dispute la première. Avec son indulgence coutumière il la raisonna, lui adressa une sévère remontrance, mais ne prononça pas de condamnation. Vexée de ne pas avoir eu raison Zabelle explosa et dit à Marie

……ui….ui ,te vo , ej donnero jé n’sé quoï pour qu’ech l’église el seuche din min vinte (oui …oui je donnerais je ne sais quoi pour que l’église soit dans mon ventre !)

Quo…quo ? ecq té di ? demande Marie interloquée (quoi ?quoi ? que dis tu ?) Alors Zabelle bien raide se redresse comme un chardon à la pluie, reprend son haleine et les lèvres serrées laisse tomber :’’…..ui….ui…comme cha ,té passero par min cul pour alé al messe……(oui …oui .comme çà tu passerais par mon cul pour aller à la messe )

Vous voyez le folklore d’ETAPLES c’est ça !.

En dépit de ces prises de bec entre femmes, ce qui dominait en toutes circonstances dans cette véritable communauté, c’était l’esprit de solidarité et d’entraide.

Quand une matelote devait être sur le quai, et que l’heure de la marée coïncidait avec la sortie des classes, ses enfants ne trouvaient pas la maison vide en arrivant ; il y avait toujours une voisine âgée qui les attendait pour tenir leur repas au chaud. On se donnait la main.

P.S. Extrait du livre de Henri Leprêtre ‘’ Marin pêcheur au temps des voiliers’’

Editions ‘’France Empire’’

http://histopale.net/les-archives/etaples/la-peche-les-pecheurs/

Voici d’autres photos magnifiques :