Un petit clin d’œil à la tradition de la marine Etaploise.
LA BALOUETTE.
La « balouette » est un terme inconnu dans tous les dictionnaires de marine consultés. Le terme « balouette « est un vieux terme de marine local et son étymologie nous reste inexpliquée.
La « balouette » est la girouette des bateaux -pécheurs étaplois qui en arboraient tous une, alors que les ports voisins de Berck, Le Crotoy, Equihen, Le Portel, n’ont jamais vu leurs bateaux en posséder. Au début du siècle, certains bateaux de pêche de Boulogne avaient leur « balouette » mais ils étaient pas la majorité comme ici a Etaples.
La « balouette » est une marque, c’est l’expression d’une marine étaploise restée fort attachée aux vieilles traditions. Pour les matelots elle est un symbole, une marque distinctive qui se transmet de père en fils et qui sert à identifier le bateau rentrant au port. Pour rien au monde, quand on lance un nouveau bateau appelé à remplacer l’ancien, on oublierait la »balouette » qui repeinte ou refaçonnée, est replacée en haut du mât d’artimon. L’axe le long duquel tourne la »balouette » se nomme le « dignon »c’est une tige de fer qui surmonte le mât. Les sujets quant à eux sont placés sur l’ « équinette » support horizontal auquel est attachée l’étamine qui flotte au vent et qui est le plus souvent le drapeau tricolore.
Le »dignon » quand à lui, est le plus souvent surmonté d’une pomme de pin peinte en jaune. La « balouette » est un terme typiquement étaplois mais les pécheurs normands la nomment « flouette » et les vendéens « gabet »
« balouette » « flouette » « gabet » sont le guidon, c’est-à-dire le pavillon qui indique le vent vrai, pour le différencier du vent apparent donné par la vitesse du bateau.
A Etaples c’est presque toujours une règle que de représenter les instruments de la passion sans oublier le coq et les étoiles. Pour d’autres, c’est un poisson ou une mouette compagnon de nos matelots, pour d’autres encore c’est l’Ange-annonciateur ou l’étoile a cinq branches très répendue, pour certains enfin, le symbole même du nom du bateau(Jeanne d’Arc, Pie X et ses tiares)
Cependant l’apparition de la radio dans les années 50 a fait disparaitre de certaines unités la « balouette »car elle gênait l’installation d’antennes doubles entre les deux mâts. Elle fut remplacée par des pommes de mâts beaucoup moins esthétiques et significatrices, mais les patrons les plus traditionalistes trouvèrent une place pour leur « balouette » entre les antennes.
Il reste à souhaiter que cette tradition reste vivace le plus longtemps possible car elle demeure un élément de décoration, mais surtout elle personnalise le bateau de pèche
PS Cet article a été écrit par Christian Gonsseaume dans le livre d’Henri Leprêtre : »Marin pécheur au temps des voiliers » éditions ‘’France empire’’
Jacques Denarcy